Leçon d’abnégation à la japonaise

Samedi soir, nous sortons fêter le Beaujolais avec des amis japonais de passage à Paris.

Tandis que nous goûtons à la cuvée 2011 pour vérifier si elle a bien le goût de raisin promis, nous leur demandons où en est la situation de leur pays depuis les événements de mars dernier.

La discussion prend alors une tournure politique inattendue.

Le plus naturellement du monde, ils nous apprennent que chez eux, les ministres savent reconnaître leurs erreurs et qu’ils prennent même l’initiative de payer pour !

Le premier à montrer l’exemple fut leur Premier Ministre.

En mai dernier, Naoto Kan assumait la part de responsabilité de l’Etat dans la crise post-Fukushima et renonçait à son salaire de 14 000 euros par mois en signe de reconnaissance de sa propre incompétence.

Chéri Chéri et moi manquons de nous noyer dans notre verre de vin tant le geste nous paraît invraisemblable. 

Pourtant ils ne s’arrêtent pas là.

Dans ce pays où le sens de l’honneur semble régir les faits et gestes de l’entière population, c’est à présent le Ministre de l’Environnement qui a décidé vendredi dernier d’endosser l’erreur de l’un de ses employés en renonçant à son tour à son salaire de 15 000 euros par mois !

L’employé en question avait pris la mauvaise initiative de jeter de la terre radioactive dans un terrain vague, terre qui avait préalablement été envoyée par un habitant de Fukushima dans le but d’être testée.

Presque choqués par ce que nous entendons, nous nous servons un nouveau verre que nous buvons d’une traite pour tenter de ne pas penser à notre propre gouvernement qui nous inspire de moins en moins de respect.

Chéri Chéri commande une nouvelle bouteille de la piquette star ainsi qu’un plateau supplémentaire de charcuterie et alors de nous pensions changer de sujet, nos amis eux décident de remuer le couteau dans la plaie en nous demandant à leur tour comment se porte notre pays face à la crise monétaire.

L’humiliation est grande mais je ne peux pour autant m’empêcher de dénoncer l’attitude de nos dirigeants.

Ainsi, je lâche le dossier Chevènement et lui explique que ce dernier possède 2 appartements à Ivry sur Seine, un de 48m², l’autre de 90m², mais qu’il vit dans un logement de 120m² proche du Panthéon à Paris, logement qu’il occupe depuis 1983 et pour lequel il paye à la régie immobilière de la capitale la modique somme de 1519 euros par mois.

Je rajoute que lorsque le pot aux roses avait été découvert et partagé avec le public via la presse il y a quelques semaines, le sénateur du Territoire de Belfort et candidat à la présidentielle avait déclaré que l’on ne le délogerait pas et qu’il prévoyait d’attaquer la Ville de Paris pour avoir nourri contre lui cette polémique.

Afin que nos amis se rendent bien compte de la situation, nous leur expliquons, que Chevènement loue son appartement 12,66 euros au mètre carré pour vivre dans un superbe quartier de Paris, tandis que nous, exilés en banlieue, nous approchons les 28 euros par mètre carré.

Comme s’ils ne pouvaient pas envisager le mal, le couple de japonais avec qui nous partageons cette soirée nous conseille de voter pour lui pensant que l’objectif de ce dernier est certainement d’aligner les prix de tous les loyers au sien.

De notre côté, nous rêvons du jour où notre gouvernement prendra exemple sur le Japon, bref, lorsque nos dirigeants seront enfin un peu respectables.