Hier, en pleine finale de Roland Garros, alors que le suspense est à son comble et que le match est un fois de plus interrompu à cause de la météo capricieuse de ce mois de Juin, Chéri Chéri me fait remarquer, avec une pointe de reproche, que je suis à 2 sets de baver littéralement devant ces 2 corps suants sous l’effort du duel qu’il se livrent sur la terre battue parisienne.

Je me reprends en commençant par fermer ma bouche, bêtement entrouverte jusque là. Mais je ne peux me retenir de souligner à Chéri Chéri que n’importe quelle femme postée devant ce match s’émeut au moins autant que moi du spectacle physique qui se joue sur le Central.

Et, tandis que Chéri Chéri grogne et songe à se priver de finale, je tente de lui faire prendre conscience de la démesure de sa jalousie et du poids qu’elle pèse sur notre relation.

Pourtant, au lieu de se remettre en cause, il me soutient que moi au moins je ne peux pas douter de son amour.

J’ose comprendre que Chéri Chéri n’aurait plus confiance en moi car justement, j’ai confiance en lui !

Je trouve décidemment l’homme bien complexe.

Toutefois, la persévérance dont je fais preuve depuis des années dans le but de réussir à percer les secrets du raisonnement mâle n’est pas prête de plier pour si peu.

Je lui demande alors en quoi il est douloureux pour lui d’être un homme aimé et un amant comblé par une femme aimante mais pour autant pas chiante.
Chéri Chéri m’explique alors que pour lui il n’y a que 2 raisons à ma non-jalousie. Soit je ne suis plus amoureuse, soit que je le considère comme acquis et donc incapable de désirer une autre femme, soit pire, que je suis persuadée qu’il est bien trop nul pour qu’une autre ne veuille de lui.

Quoiqu’il en soit, cela ne plaît pas du tout à Chéri Chéri.

Devrais-je donc lui avouer que grâce à iCloud et son iPhone, je suis en temps réel le moindre de ses déplacements ?

Hier après-midi, alors que je traverse un petit coup de mou, j'envoie un texto à Chéri Chéri, espérant secrètement qu'il y réponde de manière réconfortante.

« J'ai pris 2kg3, j'ai eu une grosse journée, bref j'ai pas le moral. A ce soir, bisous. »

Ce à quoi il répond :

« Tu veux que je te ramène quelque chose ? »

Bref, Chéri Chéri n'a rien compris. Je ne réponds pas.

J'appelle alors ma meilleure amie pour me plaindre d'avoir l'impression qu'il ne me désire plus et que mon histoire d'amour touche certainement à sa fin.

Je passe ainsi une bonne partie de la journée pendue au téléphone, debout face à la glace, à pétrir mes petits poignets d'amour en faisant la moue.

Lorsque Chéri Chéri rentre, c'est fièrement qu'il brandit vers moi 3 tablettes de Côte d'Or de mes saveurs préférées.

Pourtant, la seule réaction que me provoque son présent sont ces mots :

« Tu veux vraiment que je devienne obèse ?! »

Visiblement, il s'attendait à une autre réaction de ma part et, vexé comme à chaque fois qu'il est contrarié, il tente de me faire culpabiliser en m'accusant d'insatisfaction permanente.

Je ne comprendrais définitivement jamais la logique masculine.

Comment, alors que je lui dit que je déprime, que j'ai grossi et que je me sens moche, Chéri Chéri peut-il penser que du chocolat me ferait plaisir ?

Mais avant que je ne lui fasse part de non-sens de son attention, il rajoute :

« Tu ne veux quand même pas que je me réveille en même temps que toi pour te faire un câlin non ? »

J'avoue être en effet friande des câlins du matin, ils sont malheureusement réservés aux weekends depuis que je me lève au milieu de la nuit ce qui ne laisse, soyons clair, aucune place à une quelconque libido matinale.

A bout de nerfs face à son incapacité à comprendre le mode de fonctionnement de mon cerveau de Blonde, je lui fais part d'une d’une étude récemment publiée et montrant que sur 1056 interrogées, 41% pense que rien ne vaut un beau compliment de son amoureux, ou au pire un texto, pour être heureuse.

Par contre, le câlin du matin ne remporte que 15% des votes et le chocolat, qui, face au dictat de la maigreur est plus un ennemi qu'un ami, ne remonte lui le moral qu'à 11% des femmes.

En fait, c'est plutôt logique : je me sens moche, tu me trouves belle, je vais mieux !

Il n'y a vraiment que pour vous que nous sommes compliquées !

Hier soir, lorsque Cheri Cheri rentre, je déguste un verre de rosé aussi clair que frais en compagnie d'une collègue et amie avec qui je partage, outre les réveils matinaux, une passion certaine pour les vins de Provence.

 Je présente ma collègue et amie à Cheri Cheri qui semble agréablement surpris du visage qu'il peut enfin mettre sur ce prénom qu'il entendait régulièrement et je l'invite à se joindre à nous en lui promettant que nous ne parlerons pas boulot. 

 Il accepte et tout en allant chercher un verre supplémentaire à la cuisine, il nous demande si nous voulons boire quelque chose. 

 Je pense que la bouteille de rosé à peine entamée qui se trouve devant nous suffira et que Cheri Cheri doit avoir eu une journée particulièrement chargée. 

 Pourtant, plus la soirée avance, plus Cheri Cheri semble à coté de la plaque et plus il passe pour un abruti auprès de ma collègue. 

 Pourtant, une fois en tête à tête avec ce dernier, je ne peux m'empêcher de lui demander si par hasard, il n'aurait pas subit l'aviation d'une partie de son cerveau.

 Vexé, il accuse au contraire mon amie d'être à l'origine de sa déficience temporaire. 

C'est en effet une femme qu'il ne connait pas et selon le Slate.fr et Cheri Cheri, le simple fait d'être observé par une femme inconnue suffit à les déstabiliser suffisamment pour qu'ils paraissent stupides ! 

Pire, une étude révèle que le simple fait qu'ils pensent être observé influx sur leurs capacités intellectuelles ! 

Finalement,  le sexe fort est plus une petite chose fragile qu'autre chose ! 

Hier après-midi, en pleine séance de réflexion professionnelle, je suis déconcentrée par l'arrivée d'un texto sur mon iPhone.

Cheri Cheri me propose de le rejoindre à son bureau, il a envie de m'emmener dans un nouveau resto !

Ravie, je redescends pourtant vite sur terre en prenant conscience de ma tenue vestimentaire du jour qui montre un laisser aller évident. 

Le froid a engourdis mon sex-appeal et je ne peux pas décemment imposer mon absence totale de style à Cheri Cheri. 

Je quitte donc le travail suffisamment tôt pour passer me changer à la maison. 

Escarpins, jeans slim, top decolté Zadig et Voltaire et veste de smoking enfilés, je passe à la salle de bain pour un bref raccord coiffure et maquillage puis je repars dans l'autre sens, en direction de Cheri Cheri. 

Je le retrouve enfin et je suis enchanté de voir que mon changement de tenue ne le laisse pas indifférent.

Le repas est fin, le cadre est agréable, le vin est bon et Cheri Cheri ne me quitte pas des yeux de tous le repas si bien que je commence à me demander s’il n'y a pas anguille sous roche. 

Toutefois, n'ayant pas de preuve, je ne veux pas risquer de gâcher cette délicieuse soirée pas une crise injustifiée. 

Je profite donc de ce moment pleinement jusqu'à l'addition. 

Là, Cheri Cheri lâche la preuve : un billet de 10euros en pourboire à la serveuse. 

La crise éclate en une phrase : 

"Ne te gêne pas, demande lui direct son numéro !"

Ne s'attendant visiblement pas à tant de violence, il sursaute avant de me demander ce qu'il me prend tout en soulignant que ce soir, il n'avait regardé que moi ... et son entrecôte.

En me repassant le dîner en retour rapide dans ma tête, je dois bien admettre que Chéri Chéri n’a eu d’yeux ce soir que pour moi.

Je fais profil bas sans pour autant comprendre son geste un peu trop généreux à mon goût.

Je n’aurais la réponse que le lendemain matin dans le métro.

Alors que depuis mon iPhone je consulte les articles du site Minute Buzz, je lis que des chercheurs ont scientifiquement prouvé que les hommes devenaient subitement très généreux lorsqu’ils étaient observés par une femme, surtout si elle est sexy.

Il s’agit vraisemblablement là d’une manière pour eux d’impressionner le sexe opposé en vue d’une relation sexuelle.

Je comprends désormais mieux les machos qui s’opposent toujours à la parité.

Nous sommes déjà votre talon d’Achille alors s’ils nous traitaient comme leurs égaux les femmes deviendraient sans conteste leur Mikado … Cette petite faiblesse qui vous perdra !

Hier soir, à peine rentrée, je cours dans le salle de bains afin de réajuster mon maquillage et ma coiffure avant l'arrivée de Cheri Cheri, ce soir, nous sommes invités chez son responsable et il est essentiel que je sois impeccable. 

Lorsque j'en sors, il rentre dans le salon : timing parfait. 

Il attrape les clefs de la voiture et nous voilà parti pour le bout du monde : Rambouillet. 

Alors qu'il me demande de sortir le GPS, je lui réponds que ce soir c'est inutile, ayant moi-même passé ma jeunesse dans les Yvelines, je connais bien le chemin. 

D'un sexisme arrogant, Cheri Cheri me répond en riant qu'il n'a aucune confiance en mon sens de l'orientation mais que s'il a besoin un jour de connaitre la position de la bijouterie la plus cher de n'importe quelle ville, il n'hésiterait pas à me contacter. Comme si cela ne suffisait pas, il rajoute que nous, les femmes, nous avons une sorte de radar pour détecter ce qui peut plomber leur compte en banque. 

Je m'offusque et ose le Féminisme rétorquant avec un aplomb certain : 

"Le cerveau n'a pas de sexe !"

Il n'en fallait pas plus pour entendre Cheri Cheri s'exclafer franchement. Mais, malgré la propagande Masculiniste ambiante, c'est pourtant vrai et la neuroscientifique Lyse Eliott vient d'y consacrer 1 livre entier : "Cerveau rose, cerveau bleu".

Elle y explique notamment que tous les cerveaux naissent égaux en capacité et qu'il nous suffit de les entraîner pour qu'il soient compétents dans les domaines désirés !

Trouvant toujours un moyen de retourner la situation à son avantage, il souligne que cette démonstration prouve aussi que les hommes ne sont pas plus obsédés par le sexe que les femmes. 

Bien décidée à avoir le dernier mot je clos le débat : 

"Peut-être êtes-vous plus sujet aux descentes d'organes que nous ?"